corruption

On en était resté à l’affaire “Davydenko”, révélée début août, suivie des aveux anonymes d’une poignée de joueurs pro et d’un nouveau programme de lutte anti-corruption lancé par l’ATP, il y a tout juste un mois.

Un US Open plus tard, on n’entendait plus guère parler de paris illégaux. Jusqu’à ce qu’un nouveau rebondissement fasse la une des journeaux : Novak Djokovic, n°3 mondial, révèle qu’on lui a proposé 255′000 dollars, l’été dernier, pour perdre un match au tournoi de Saint-Petersbourg. Il avait finalement déclaré forfait pour le tournoi. La mafia russe, déjà soupçonnée de s’intéresser de près au tennis depuis l’affaire Davydenko, est à nouveau pointée du doigt, notamment par… Pat Cash! C’est ce que l’ancien champion australien aurait déclaré le lendemain de la révélation de Djokovic. On se demande bien d’où il tient pareille information. A moins que cela n’ait un quelconque rapport avec le match Serbie-Australie …

Toujours cette semaine, Dick Norman (ATP 128) et Gilles Elseneer (ATP 770) font à leur tour un coming-out! Le premier aurait été contacté à deux reprises, à l’occasion de tournois challengers disputés en Italie et dans un pays de l’ex-Union Soviétique, pour perdre un match en échange d’une prime.

“On m’avait proposé quelque chose comme 500′000 ou un million d’anciens francs belges [12′500 ou 25′000 euros] pour que je m’incline. Je n’avais pas donné suite. On ne sait jamais dans quel engrenage on met les pieds.” Dick Norman

Ancien top 100, Gilles Elseneer a reçu une offre de 100′000 euros pour perdre un match du premier tour à Wimbledon, en 2005, contre Potito Starace.

“Ce n’était pas un joueur ou un coach, mais bien quelqu’un du milieu. Sans quoi il n’aurait pu avoir accès aux vestiaires. Il m’a proposé 100′000 euros, 50′000 avant le match et 50′000 après. Je n’ai pas accepté. […] Mais cela arrive souvent. Certains joueurs ne gagnent que 50′000 euros par an en prize-money. S’il y a moyen de doubler ces revenus pour un match…” Gilles Elseneer

Ca commence à faire beaucoup de témoignages. Tout le monde se pose désormais la question de savoir si le tennis est “sale” depuis longtemps ou s’il s’agit seulement d’un phénomène récent.

Mais que fait la police?

Les rumeurs prétendent que l’ATP tient maintenant à jour une liste noire des joueurs soupçonnés de corruption, Nikolai Davydenko en tête puisqu’il compte à son actif quelques forfaits et abandons jugés suspects, notamment au second tour du tournoi de Saint-Petersbourg, là-bas même où Djokovic a été approché.

On sait que l’ATP a fait appel à deux anciens enquêteurs de Scotland Yard et à la British Horseracing Authority, une société britannique spécialisée dans l’organisation de courses de chevaux, pour l’aider dans ses enquêtes. Il semblerait que l’ATP tout comme la Fédération Internationale d’ailleurs cherchent également du soutien auprès des instances dirigeantes d’autres disciplines sportives.

Les femmes aussi?

L’ATP et l’ITF pourraient bien être imités par la WTA , le match de 1/4 de finale au Sunfeast Open (Kolkata, Inde), entre Tatiana Poutchek et Mariya Koryttseva, a été qualifié de suspect. En effet, la tendance des paris a brusquement changé, juste avant le début de la rencontre, puis, en cours de match, faisaient de Koryttseva la favorite alors qu’elle était la moins bien classée et qu’aucun élément décisif ne permettait de pronostiquer sa victoire. Betfair, la société de paris en ligne, a contacté la WTA même si la totalité des paris ne dépassait pas les 1.5 millions de dollars, bien moins que dans le cas de Davydenko. Cependant, on peut tout de même s’interroger sur une pareille somme pour un 1/4 de finale dans un tournoi de troisième catégorie.

Dans une interview accordée à BBC 5live, Andy Murray condamne fermement les matchs truqués tout en reconnaissant que la pratique continue.

“C’est assez décevant pour tous les joueurs, mais tout le monde sait que ça continue […] Il est difficile de prouver que quelqu’un a balancé un match ou n’a pas essayé de se battre. Un joueur peut toujours se donner à fond au début de chaque set et commettre ensuite quelques erreurs, une ou deux doubles fautes et ça suffit.” Andy Murray

Pire, Murray estime que la tentation est tout simplement trop forte pour certains joueurs.

“Certains sont forcés de jouer toutes les semaines; de leur prime du premier tour, environ 2500 Euros, ils doivent ensuite payer tous les frais.

Une carrière dure en moyenne 10 ou 12 ans et tu dois gagner le plus d’argent possible tant que tu joues. Ceci dit, ce n’est pas acceptable.

Personnellement, je n’ai jamais été approché mais si j’en crois les conversations entre les joueurs, la pratique se poursuit.” Andy Murray

et bien dis donc !

L'Allemand Tommy Haas pense avoir été empoisonné à l'occasion de la demi-finale de Coupe Davis de tennis perdue par l'Allemagne face à la Russie en septembre à Moscou, a-t-il révélé mercredi.


"Jamais de ma vie, je ne me suis senti aussi mal que durant la nuit du samedi au dimanche" de la demi-finale, a déclaré Tommy Haas à l'agence allemande d'informations sportives SID. "J'ai passé durant cette nuit six heures aux toilettes, j'ai même pensé que ma dernière heure était arrivée", a poursuivi le 13e joueur mondial.

Le docteur de la délégation allemande a tout tenté pour remettre Haas sur pieds: "J'ai pris des médicaments, j'ai eu des injections, mais cela aggravait plutôt mon état", a expliqué Haas qui s'est défendu de ne pas avoir su faire face à l'enjeu. "Je ne suis plus un gamin qui a du mal à vivre avec la pression. Ce n'était, par ailleurs, pas un problème digestif, c'était quelque chose de très, très anormal", a martelé le N.1 allemand. Un mois après cette demi-finale perdue 3 à 2, Haas, 29 ans, n'est toujours pas complètement remis: "Je ne suis pas encore à 100%, c'est pour cela que je n'ai pas disputé le tournoi de Lyon (...) Il arrive que mon estomac devienne soudain complètement fou", a-t-il précisé.

Sang et ADN


Haas a indiqué qu'il allait procéder à des nouvelles analyses sanguines et ADN la semaine prochaine à New-York: "Je ne sais pas ce que cela peut m'apporter, parce qu'il faut savoir ce qu'on cherche pour le trouver, mais je veux savoir quel est le problème et quelles sont les conséquences à terme."

Les soupçons de Haas ont été confortés par des propos tenus par une personne "totalement crédible", qu'il n'a pas souhaité nommer, à son compatriote Alexander Waske: "Quelqu'un est venu me voir et m'a dit: +Le match était serré, c'est dommage qu'ils aient empoisonné Tommy+", a expliqué Waske à l'agence SID. Lorsque Waske a fait part de son scepticisme, son interlocuteur lui a rétorqué: "Crois-moi Alex, je connais Moscou, il y a des gens qui font ce genre de chose." Haas pense avoir été empoisonné en buvant un café ou en mangeant un dessert: "Je suis le seul de l'équipe à toujours reprendre un café ou du dessert."

Haas avait perdu le vendredi le point du premier simple contre Igor Andreev (6-2, 6-2, 6-2). Malade dans la nuit de samedi à dimanche, il n'avait pas pu disputer son deuxième simple, laissant sa place à Philipp Petzschner qui faisait ses débuts en Coupe Davis alors que l'Allemagne menait 2 à 1. Mikhail Youzhny avait ramené les deux équipes à égalité en battant Petzschner (6-4, 6-4, 3-6, 6-3), avant qu'Andreev ne donne à la Russie le point de la victoire au détriment de Philipp Kohlschreiber (6-3, 3-6, 6-0, 6-3).

Tommy Haas est bel et bien seul au lendemain de la révélation de ses soupçons à l'égard de la Russie alors qu'il avait été contraint à l'abandon lors des demi-finales de la Coupe Davis en septembre dernier, à Moscou, victime selon lui d'un empoisonnement. Ce jeudi, la Fédération allemande de tennis s'est désolidarisée de son joueur, estimant que les allégations du Hambourgeois sont trop graves pour se permettre de spéculer en l'absence de preuves tangibles. L'ITF, organisatrice de la Coupe Davis, a par ailleurs décidé d'ouvrir une enquête.

Les Italiens Potito Starace et Daniele Bracciali sont suspendus pour avoir parié sur des matches du circuit ATP. Leur Fédération et les deux joueurs contestent cette décision...

Après Alessio Di Mauro, suspendu 9 mois en novembre, c'est au tour de deux autres italiens d'être suspendus par l'ATP. Potito Starace est le n°1 italien. 31e mondial, il a déjà gagné deux titres en double et a été suspendu par l'ATP pour six semaines pour avoir parié sur des matches en 2005 à hauteur de 90 euros. Il écope d'une amende de 29 000 euros. Bracciali, qui est classé 258e, est lui sanctionné de trois mois d'interdiction de circuit et d'une amende de 19 000 euros pour avoir misé 5 euros à près de 50 reprises.

Un traitement qui surprend puisque si les paris doivent être encadrés et sont interdits pour les joueurs, il est peu probable que Bracciali ait balancé un match après avoir parié une si petite somme. La Fédération italienne crie donc au scandale et les joueurs italiens se disent victime d'une cabale. "Je ne peux pas croire que seuls les Italiens ont placé de petits paris de ce genre", a déclaré Daniele Bracciali. Pour le porte parole de la fédé italienne, "les pénalités sont disproportionnées par rapport à la taille des infractions commises par ces deux joueurs. Il est clair que d'autres joueur parient sur leurs matches".

Bracciali, et Starace pensent avoir été exclus car ils ne sont que peu de chose dans le business du tennis. "Nous sommes les moutons sacrifiés. Nous ne sommes pas des champions, on ne compte pas au plus haut niveau... Et puis, si j'avais voulu ruser, je n'aurais certainement pas parié sur moi même", conclut Daniele Bracciali.